On récolte ce que l’on sème
Au cours des visites qu’il fait chaque année à sa famille en Galilée, le réalisateur, qui vit aujourd’hui en France, s’est intéressé aux évolutions de l’espace urbain dans cette région. D’une caméra discrète, il nous dresse un portrait intime de sa famille, qui subit une forme rampante de colonisation, mais ne semble pas en être préoccupée. Pour comprendre pourquoi, le réalisateur met patiemment en lumière, au fil d’observations et d’échanges quotidiens, l’attachante spécificité de ces Palestiniens citoyens d’Israël.
Note d’intention du réalisateur
Ma nièce Miral a 11 ans maintenant. Quand sa mère lui fait réviser son devoir sur la citoyenneté en Israël, Miral tente de répéter par cœur ce qu’elle a appris : « Les Juifs ont vécu en Israël il y a 2000 ans ; ils ont été expulsés, ont vécu de longues périodes d’exil dans la souffrance et l’oppression. Maintenant, ils sont enfin de retour dans leur patrie. » Immédiatement après avoir terminé sa révision, ma nièce, impatiente, allume un ordinateur portable pour regarder une série américaine à l’eau de rose. Ses yeux sont magnétisés par l’écran.
Cette scène est à la genèse de mon envie de faire ce film. En tant que Palestinien citoyen d’Israël, j’ai grandi dans une famille traditionnelle chrétienne au sein de laquelle parler de nos origines palestiniennes et du vécu de chacun autour de 1948 était réprimé. Parce que les membres de ma famille avaient peur de ce qu’ils ont vécu, ils ont refusé de transmettre à leurs enfants leurs histoires personnelles de souffrance. Ils voulaient par là rendre possible notre assimilation dans le nouvel État d’Israël. Pour moi, le mot « palestinien » m’est devenu quelque chose d’extérieur et d’intime à la fois. J’ai hérité de la peur de m’identifier en tant que Palestinien. De plus, étant donné que l’histoire du Moyen-Orient du 20ème siècle est absente des manuels scolaires en Israël, dans ma jeunesse, la crainte que ressentait ma famille s’est transformée chez moi en une inquiétude que je ne m’explique pas.
Depuis la France où je vis aujourd’hui, je suis allé trois fois entre 2012 et 2015 à Shefa-Amer en Galilée voir ma famille. A chaque visite, j’ai été marqué par la vitesse à laquelle le paysage urbain évoluait. A 8 km seulement de ma ville natale, il y a un nouveau quartier construit par l’Etat d’Israël désigné uniquement pour les Juifs. Il sera binetôt relié à la ville israélienne de Kiryat Ata juste dérrière. Le but à long terme sera, d’un côté, de relier les agglomération israéliennes entre-elles et ainsi de s’expandre, et de l’autre côté, d’isoler les villes et villages palestiniens, en les concentrant dans des espaces le plus étroits possibles.
Par ailleurs, cette logique vise à basculer la course démographique dans cette zone de majorité palestinienne. Ces constructions physiques incarnent la construction identitaire et culturelle israélienne, occultant la mémoire palestinienne et effaçant le paysage méditerranéen de la terre. J’ai trouvé donc intéressant de mettre en lumière ce processus de colonisation interne peu connu à l’international.
J’ai pensé montrer comment la Galilée fait partie d’un projet global de colonisation israélienne. Pour cela, j’ai concentré ma recherche autour de trois axes :
La colonisation en Galilée et comment ma famille la vie ;
– L’histoire occultée des palestiniens sur le théâtre des ruines de villages palestiniens de 1948, à côté de Shefa-Amer (Al hosheh et le quartier Wadi Al Salib à Haïfa) ;
La dépossession des palestiniens de leurs maisons à Jérusalem.
Mon idée est de filmer, à l’image des tableaux impressionnistes, des scènes quotidiennes, des bruits d’ambiances et des rencontres, montrant comment des gens ordinaires vivent le changement et ce qu’il reste de la mémoire palestinienne en Israël aujourd’hui.
Aussi, j’assimile les projets d’aménagement de l’espace par Israël à une métaphore de l’obstacle du manque de communication avec ma famille.
Enfin, je pense à un documentaire long métrage d’une heure et demi environ, à destination des festivals, les salles de cinéma et les chaînes de télévision internationales.
Pourquoi le financement participatif ?
Quand il s’agit d’une œuvre qui touche le conflit israélo-palestinien, les portes des subventions se ferment vite si le scénario ne se soumet pas aux contraintes de certaines politiques de diffusion, comme par exemple la symétrie obligée de l’évocation de la souffrance, des droits chez les Palestiniens et chez les Israéliens, ou encore, quand il traite de la question sensible de la mémoire, sujet qui nous intéresse ici. Nous pensons qu’il s’agit d’une stratégie médiatique qui cherche à rendre la situation floue et confine le spectateur à la perplexité. Combien de fois a-t-on entendu des gens dire : « Je n’y comprends rien… Ça a l’air trop compliqué tout ça… C’est un conflit religieux qui date de l’Antiquité, etc. »
Dans ce contexte, la maison de production Freebird Films a été créée en janvier 2014 par le réalisateur palestinien Alaa Ashkar. Grâce à la réussite de son premier film Route 60 – Un itinéraire au-delà des frontières, il a pu créer un réseau associatif important, déployé dans toute la France. Ce réseau lui a permis de s’ouvrir au large public qui s’intéresse à la Palestine. Grâce à un travail associatif formidable, près de 12 000 personnes ont visionné Route 60 en présence du réalisateur et ont pu échanger autour de son approche humaniste du sujet, loin des clichés médiatiques.
Depuis 2 ans il travaille sur son nouveau projet : On récolte ce que l’on sème, jusque là sans financement. Le scénario est enfin finalisé ! Votre soutien intervient à un moment crucial pour terminer cette aventure, car le réalisateur n’a pas les compétences ni les moyens pour pouvoir gérer tous les aspects techniques du projet !
Votre contribution même la plus modeste, lui permettra de finaliser le développement du projet et de se lancer sereinement dans sa production et sa postproduction. C’est aussi pour vous l’opportunité de nous suivre, de nous soutenir et d’émettre un avis sur ce film qui nous tient particulièrement à cœur.
Concrètement, le budget demandé nous permettra de :
– Finaliser le tournage du projet en Galilée ;
– Recruter un ingénieur son pour le montage et le mixage son ;
– Recruter un étalonneur pour l’harmonisation des couleurs ;
– Confier le film à une société professionnelle pour le sous-titrage en français et anglais ;
– Démarcher les festivals pour le film et essayer de trouver un distributeur fiable ;
– Lancer une campagne de communication et de diffusion alternative. Sur ce point, vous pouvez être d’une grande aide en le proposant aux salles de votre région !
Comment nous soutenir :
Que vous soyez une personne ou une structure, choisissez la somme de votre choix en cliquant sur le bouton [soutenir] ci-dessus et laissez vous guider.
N’hésitez pas à organiser des événements culturels qui vous permettraient de récolter des dons pour ce projet. À ce titre, vous pouvez nous contacter pour que nous puissions réfléchir ensemble à une forme qui prévoirait d’inclure la présence du réalisateur si vous le souhaitez. On peut imaginer un échange avec le public après la diffusion de Route 60, son premier film, et/ou des extraits de son nouveau projet.
Enfin, n’hésitez pas non plus à diffuser ce lien dans votre réseau et en parler autour de vous !
Pour toute autre question ou renseignement, n’hésitez pas à nous contacter en cliquant sur ce lien http://freebirdfilms.com/fr/home-fr....
12775 €
Collectés
20,000€
Objectif (A atteindre avant le 1er juillet 2015)
Soutenir
Soutien libre à partir de 10€ :
10€ et plus : Un grand merci personnel du réalisateur !
15€ et plus : Un grand merci personnel du réalisateur + une photo d’un lieu de tournage au choix (Haïfa, Shefa-Amer ou Jérusalem) !
30€ et plus : Un grand merci personnel du réalisateur + le DVD du film à sa sortie !
A partir de 50€ : Un grand merci + le DVD du film + entrée gratuite lors d’une projection du film près de chez vous !
A partir de 100€ : Tout ça + votre nom personnel au générique !
A partir de 200€ : Tout ça + le DVD du film + le DVD du premier film du réalisateur, Route 60 ! (stock limité à 150 exemplaires)
A partir de 500€ : Tout ça + rencontre avec le réalisateur pour échanger autour de son projet + une projection dans la ville de votre choix ! (prendre en compte les frais de déplacement)
A partir de 1000€ : Tout ça + accès aux rush pour proposer des idées scénaristiques pendant un jour !